Florence Bruyère : la ville par et pour les habitants
Directrice générale d’éCo.Urbain depuis maintenant deux ans, Florence Bruyère partage sa vision d’une ville en mouvement, pensée pour et avec ses futurs habitants. Une vision réjouissante teintée de pragmatisme qui la suit depuis le début de sa carrière.
Lorsqu’on lui demande ce que l’urbaniste de ses débuts penserait de son évolution, Florence Bruyère répond : « ma vision a un peu changé parce que je connais mieux les contraintes ; j’anticipe mieux les erreurs potentielles. Cependant, j’ai toujours l’intérêt général et la vie des futurs habitants des projets sur lesquels je travaille comme lignes directrices constantes. Ça n’a pas changé depuis le début de ma carrière. »
Cheffe de projet tout terrain
Après des études en sciences économiques et en urbanisme commencées à Lyon, Florence Bruyère obtient son DESS d’urbanisme à l’Institut Français d’Urbanisme, qui a depuis été absorbé par l’École d’Urbanisme de Paris. Son diplôme en poche, elle touche un peu à tout ce qui a trait à la ville : plans de patrimoine chez Habitat et Territoires Conseils, programmation urbaine chez Amavi, maîtrise d’ouvrage chez Argenteuil-Bezons Habitat, avant d’arriver en 2006 à la Ville de Colombes, où elle commence comme cheffe de projet à la rénovation urbaine. Pendant dix ans, elle gravit les échelons, devient responsable de la mission rénovation urbaine, directrice du développement puis directrice adjointe urbanisme et aménagement. « Malgré les changements réguliers de majorité politique à la municipalité – entre 2001 et 2020, à chaque élection municipale, la majorité change de bord politique – on garde une cohérence de développement en défendant les projets qui vont dans le sens de l’intérêt général, en les adaptant aux nouvelles orientations.»
Puis en 2016, elle change de département pour devenir directrice des projets chez Sequano, où elle a la charge de la plaine de l’Ourcq. Ce nouveau poste lui permet de travailler sur les ZAC de Romainville, Bobigny, Noisy-le-Sec et Bondy. Les nouvelles opérations sur lesquelles elle est amenée à travailler, souvent déficitaires, lui permettent de s’essayer à l’urbanisme de préfiguration. « Ces quatre années chez Sequano ont été très formatrices. Faute de moyens, il faut faire preuve de créativité ; par exemple, sur l’urbanisme transitoire, plutôt que de payer un gardiennage de site, on peut utiliser le lieu en attente pour une occupation temporaire donnant accès à la culture, la fête… »
Retour aux sources
Enfin, en 2021, Florence Bruyère revient à Colombes, où elle prend le poste de directrice générale d’une SEM, la Codevam, et d’une SPL, l’Ascodev. En 2022, ces deux structures sont réunies sous un même nom éCo.Urbain. La Codevam devenant éCo.Urbain SEM, et l’Ascodev devenant éCo.Urbain SPL. « Le choix de renommer la nouvelle structure éCo.Urbain relève de trois problématiques. Tout d’abord, jusque-là, à moins de vivre à Colombes, personne ne connaissait l’Ascodev ni la Codevam, malgré les nombreux projets sur lesquels ces structures ont travaillé. Il fallait donc créer une marque identifiable. Ensuite, et dans la continuité de cette idée, il était important de faire entendre notre voix : nous avons créé une présence en ligne pour la marque, via un site à faible impact environnemental, des pages sur les réseaux sociaux... Enfin, en gagnant cette image, nous allons pouvoir commencer à travailler en dehors de Colombes. »
Cette transformation se traduit également par un nouveau logo qui à lui seul raconte la direction que veut prendre la nouvelle structure. Le « Co. » représente Colombes, le démonstrateur de nos savoir-faire, allant jusqu’à reprendre le bleu utilisé dans le logo de la ville. Le « éCo » rappelle que la ville d’aujourd’hui doit être écologique, mais aussi économique, a fortiori lorsque l’on travaille avec de l’argent public. Le « Urbain » souligne évidemment le domaine d’intervention de l’entité. Les formes aux angles tant droits qu’arrondis montrent un aménageur qui ne rentre pas dans les cases et envisage ses projets toujours au cas par cas. Enfin, le « é » marque le trait d’union entre éCo.Urbain, la ville et ses habitants, et le « in » marque une structure dans la tendance !
Une structure pragmatique à son image
La répartition d’éCo.Urbain en deux structures juridiques et administratives différentes lui offre beaucoup de souplesse, sachant que la même équipe de quatorze personnes travaille sur la SPL comme la SEM. « La SPL nous sert à développer de nouvelles opérations d’aménagement public de la ville, avec la possibilité de nous confier des mandats d’études préalables ou d’équipements. Et la SEM existe entre autres pour pouvoir faire connaître notre savoir-faire au-delà de Colombes ou pour développer des projets avec des opérateurs privés. » En outre, la taille relativement restreinte de cette équipe permet des prises de décisions très rapides et de valoriser des capacités d’innovation et d’adaptation aux évolutions des projets que des structures plus importantes auront plus de mal à appliquer.
Actuellement, l’activité d’éCo.Urbain se concentre essentiellement sur des projets d’aménagement, un d’initiative privée et trois d’initiative publique : le projet d’initiative privée vise à développer un quartier bas carbone en urbanisme négocié, en mettant les ambitions de la Ville au cœur du développement de ce nouveau secteur, tout en intégrant les enjeux et contraintes des propriétaires/partenaires. La ZAC Arc Sportif, projet de reconversion de sites industriels, la ZAC Charles De Gaulle Est, poursuite du projet d’aménagement le long de la ligne T2, démarré en 2013, et l’Îlot 26. Et pour chaque projet, les habitants et futurs habitants sont impliqués. Par exemple, « dans le cadre de la construction d’une école sur l’Arc Sportif, nous avons mis en place un comité d’usage, constitué d’habitants et d’enseignants. Ce comité a émis des avis sur les différents projets d’école proposés, avis que nous avons ensuite intégré au dossier technique. Que nous avons ensuite remis à un jury dans la vue de l’obtention du label BDF argent. ».
Et ce n’est qu’un exemple : rencontres et ateliers réguliers au gré de l’évolution des projets, concertations sur de l’équipement transitoire, implication directe des habitants dans la conception d’éléments urbains permanents... Florence Bruyère le rappelle : « Je fais d’abord une ville pour les habitants. Sur chaque nouveau projet, je me demande “Est-ce que j’aimerais vivre, me rendre ou me balader dans cet endroit ?” Ça nous permet de rester modeste et de ne pas perdre de vue la finalité de notre action : créer des lieux où des gens vont vivre. »
Avec cette nouvelle identité, éCo.Urbain veut dépasser les frontières de Colombes. En visitant des projets urbains à Lille et bientôt Nantes, en adhérant à l’AFDU ou à Ville Hybride, la structure veut voir ce qu’il se fait ailleurs et surtout se faire connaître. Cependant, l’ancrage historique colombien reste fort. « Colombes est une ville dynamique ! On la connaît historiquement grâce au sport – et elle va continuer à l’être en hébergeant une partie des activités olympiques de 2024 – mais c’est aussi une ville de culture et d’arts. Et, avec les projets que nous menons, nous voulons également en faire une ville verte et productive. » Ainsi, nous contribuons à la création de deux parcs de plus de 1,2 hectares chacun. L’Arc Sportif, en plus d’accueillir logements, services publics, commerces et équipements sportifs, servira également de site à l’une des plus grandes fermes urbaines de France.
Et surtout, s'il est vrai que ces projets ambitieux permettront, à terme, de mieux faire connaitre Colombes, Florence Bruyère reste humble et pragmatique : « éCo.Urbain, c’est avant tout la somme de savoir-faire des personnes qui y travaillent, pas seulement de sa directrice-générale. Notre engagement et notre travail est au service avant tout de la Ville, de nos partenaires, pour que les projets sortent dans les calendriers et budgets prévus, et surtout, à terme, pour les habitants. »