Depuis plusieurs années, la région de Montpellier accueille trois séries quotidiennes et de nombreux tournages. Cette dynamique permet à l’Occitanie de s’imposer comme la deuxième place la plus attractive après l’Ile-de-France pour l’accueil de tournages. Une activité qui permet à l’industrie cinématographique française d’exister, en dehors de Paris.

A Vendargues, le “petit Hollywood des séries” s’agrandit. Les studios de France Télévisions, situés en périphérie de Montpellier accueillent depuis 2018, le soap opéra à la française “Un si grand soleil” et ont pour ambition de développer de nouvelles productions.

Avec son climat méditéranéen et la diversité de ses paysages, l'Occitanie a des atouts majeurs pour accueillir les tournages, si bien que trois séries sont aujourd’hui produites quotidiennement autour de Montpellier. “Ce sont d'énormes locomotives et on continue d’accueillir entre 10 et 20 longs métrages par an”, constate Maxime Beaufey, membre de la commission du film d’Occitanie Films qui se charge d’accueillir et d’encourager les tournages dans la région. “Des villes comme Sète et Montpellier cochent toutes ces cases. Dans un environnement extrêmement proche, vous avez le littoral, l’arrière-pays et vous avez des architectures à la fois très modernes et moyenâgeuses. Plus les choses sont dans un environnement proche, plus il y a matière à faire évoluer un scénario”.

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Crédit photo : Jakob Owens

L’Hérault gagne-t-il vraiment à être sous les projecteurs ?

Ce territoire plutôt vierge et diversifié, à trois heures de Paris, est une aubaine pour les productions audiovisuelles. Depuis la construction de studios de cinéma comme à Sète qui accueille la série “Demain nous appartient”, diffusée sur TF1, Maxime Beaufey parle d’un véritable bouleversement :

“Une série quotidienne, c’est au moins 200 personnes qui travaillent tous les jours et cela entraîne d’autres projets. Ça fait un effet boule de neige et on se retrouve avec des professionnels très expérimentés qui viennent s’installer dans la région et qui vont former la jeune génération”.

Une véritable industrie des séries se développe

Montpellier dispose aujourd’hui d’une quarantaine de formations dans la filière des Industries Culturelles et Créatives. En 2021, l’école Travelling a par exemple ouvert une antenne à Sète dédiée aux métiers dits de plateau (accessoiriste, machinistes, décorateurs…). En 2015, le Cour Florent avait déjà étendu son offre à Montpellier, pour participer à "l'éclosion d’un et au développement d’un nouvel écosystème”, comme on peut le lire sur son site.

“On a vraiment à faire à une véritable industrie. Ce sont des retombées économiques directes, principalement en termes d’emplois qui sont des emplois correctement rémunérés dans un territoire où le chômage était très important, explique Maxime Beaufey. Aujourd’hui, on compte un millier de techniciens qui vivent dans la région et les comédiens travaillent un jour ou l’autre sur les films. Ce qui était plus épisodique il y a cinq ou six ans.”

Le territoire attire désormais une nouvelle population

Sur le site de Vendargues, en 2020, “Un si grand soleil” a généré 45 000 jours de travail pour 1 700 habitants de la région, rapporte France TV Studio. 41% des comédiens et 52% des techniciens de la série étaient installés en Occitanie. Cela encourage ainsi les professionnels du cinéma à s’installer dans la région.

“Dans une petite ville comme Sète, ça ne passe pas inaperçu”, soulève Maxime Beaufey qui observe, dans cette ville de plus de 40 000 habitants, l’arrivée d’une nouvelle population prête à investir.

“Il y a un bouleversement culturel à Sète avec des personnes qui viennent de Paris avec d’autres aspirations. Les prix ont monté, la population locale voit ça d’un bon œil car ça amène de la richesse, de l’emploi et mais le prix du mètre carré a explosé".

Sur l’année 2021, la région a accueilli 43 films soit l’équivalent de plus de 3 000 jours de tournage, faisant de l'Occitanie la région la plus attractive pour les tournages après l’Ile-de-France. Une dynamique qui pourrait prendre de l’ampleur avec l’arrivée de futurs studios à Saint-Gély-du-Fesc, au nord de Montpellier. Ce projet porté par le promoteur immobilier Spag et l’aménageur GGL ambitionne de concurrencer les studios européens alors que la France est aujourd’hui en retard dans le domaine, comme le démontre le rapport du CNC, de 2019.


Vers un phénomène de décentralisation ?

Si cela se concrétise, Pics Studio pourrait voir le jour en 2024 et regrouperait sur 30 000m2, les plateaux, bureaux de production, locaux de prestataires techniques (décors, stockage, éclairages, matériel audiovisuel), et même une école de cinéma. L’ancrage régional est aujourd’hui stratégique pour les porteurs du projets alors que l’activité cinématographique ne cesse de prendre de l’ampleur en Occitanie. En cinq ans, les journées de tournage dans la région ont augmenté de 370 %.

Llans de situation du projet Pics studio au sein du département.

Une dynamique qui tend à décentraliser l’activité cinématographique en France. “Tourner en extérieur à Paris, ça a toujours été compliqué. C’est de plus en plus cher alors même si c’est une ville qui continuera à accueillir des films, ce n'est pas très confortable, souligne Maxime Beaufey. Sur les projets de télévision, il y a aussi besoin de montrer tous les territoires de la France, et c’est aussi une mission du service public.”
Pour autant, s’il est séduisant de rêver l'Occitanie comme un petit Hollywood du sud de la France, Maxime Beaufey rappelle que la plupart des décideurs et des sociétés de production demeurent à Paris.